Interview de Babs
à l’occasion de son passage à La Gâche en novembre 2018.
La voie de l’écrit: Merci beaucoup d’avoir répondu présent à l’invitation d’intervenir sur La Gâche.
Je commencerai par te demander si quand tu as commencé à taguer, tu t’intéressais déjà au dessin ?
Babs: Oui, je dessinais avant même de faire du graffiti.
J’ai commencé par dessiner et reproduire des comics, et petit à petit je me suis inspiré de tout ce que j’aimais au niveau du dessin ou du dessin animé parce que c’était ce qui me parlait à l’époque. Des bandes dessinées comme Strange, des comics.
LVE: Est-ce que tu te souviens de ton premier tag ?
Babs: Premier tag… je taguais E.Roy et je devais avoir.. C’est mon cousin qui était à l’école il était en 6ème, moi j’étais en cm1 et il est arrivé avec le nouveau délire, il me disait « ouais tu connais pas le « Hip Hop », le « Zulu », tout ça, ya les breakers… » Il m’a expliqué un peu le délire et après il m’a dit « ya des tags, des graffs et tout », et quand il m’a expliqué ce que c’était, j’ai commencé à regarder, et en fait j’en ai vu partout autour de chez moi, y en avait déjà.
Il m’a expliqué le principe, donc je me suis trouvé un nom. Et le nom je l’avais pris dans un livre de graffiti, et du coup c’était déjà le nom d’un mec et j’ai fait des tags E.Roy pour commencer.
LVE: J’allais te demander si il y avait des artistes qui t’ont inspirés, tu me dis qu’au départ c’est surtout les comics qui t’ont inspirés. Est-ce que plus tard une fois que tu étais dans le graffiti, tu étais inspiré par les gens avec qui tu allais peindre ?
Babs: Non, c’était surtout New-York l’inspiration, je me suis procuré le Subway art et le Spraycanart et du coup le premier truc que j’ai kiffé c’était ça, New-York, les mecs qui m’inspiraient c’était Seen, Dondi tout ça, mais surtout les français les Bando, Mode2 qui étaient dedans yavait pas mal de bonnes prods. Après ya Skeme qui était très fort, ya Doze, enfin y en a beaucoup, les livres entiers m’ont inspiré le Subway art et le spraycan art.
LVE: Est-ce que maintenant que t’es plus dans la peinture disons plus traditionnelle, est-ce que tu penses t’inscrire plus dans un mouvement de peinture ?
Babs: Ba là c’est de l’illustration en vrai, je me sers juste du matériel, des bombes de peinture mais maintenant je pense que c’est du graffiti abstrait, ou alors vraiment de l’illustration vraiment à proprement dit, ya plus de lettres, ou enfin rarement et du coup c’est quelque chose de neuf, que les gens n’ont pas l’habitude de voir, j’essaye de créer des choses nouvelles.
LVE: Il y a pas de peintre abstrait qui t’inspire particulièrement ?
Babs: J’aime un peu tout, je m’intéresse à tout, à l’architecture, aux peintres, à tout franchement, tout m’inspire. L’environnement…
LVE: Aujourd’hui on utilise des termes comme street-art, art contemporain, est-ce que le questionnement sur ces qualificatifs te touche ?
Babs: Je serai plus flatté qu’on me dise que c’est de l’art contemporain, plutôt qu’on me dise que c’est du Street-art. Le Street-art c’est un peu le fourre tout maintenant, donc l’amalgame me fatigue un peu. Lorsqu’on me dit « tu fais du street-art », ca me fatigue. A la base je faisais du graffiti, maintenant je fais quelque chose de différent alors si on me dit que c’est de l’art contemporain tant mieux, c’est plus flatteur que de dire que c’est du Street-art.
L.V.E.: Quand on te parle de Jeff Koons etc ?
Babs: Je suis pas la dedans, eux c’est des businessmen. Koons il fait du business, il a des idées, des bonnes idées, il fait de l’argent, c’est un bon businessman, c’est tout.
Après moi je respecte les mecs qui entreprennent des choses et qui font des thunes, de l’oseille. Je respecte les mecs qui font des thunes. Autant je respectais les mecs de mon quartier qui faisaient de l’argent, je respecte les mecs qui arrivent à s’en sortir.
La ya un nouveau mec qui fait des Babars, il fait des babars en or je crois ou dans une autre matière, enfin dans une matière noble. Mais c’est Babar quoi. Et il vend ça des 15 000 dollars. Enfin des prix oufs.
Le mec il fait la même chose que Koons en fait, c’est juste il a eu l’idée, il a pris Babar, il a vu qu’il était pas déposé, il a fait un exemplaire il la vendu à je sais pas qui, Kim Kardachian ou un truc comme ça, et maintenant ça y est il est parti le mec, tu vois.
Mais c’est juste qu’il faut avoir l’idée, moi je respecte.
Autant je n’aime pas, mais je respecte parce que c’est un putain de bon business, il a enculé tout le monde le mec. C’est tout.
L.V.E.: Justement en parlant de business, ma dernière question, vivre de l’art est-ce que t’y as pensé, est-ce que c’est venu tout seul, est-ce que c’est venu ?
Babs: Non j’y ai jamais pensé, et c’est juste des opportunités qui se sont crées, que j’ai prises. Et plutôt que d’aller soulever des cartons je préfère faire de la peinture et gagner de l’argent donc le calcul il a vite été fait, j’ai aucun diplôme tu vois, c’est 3615 code demerdance, ya un moment il faut faire des choix.
J’ai fais ces choix là, jusqu’à maintenant ça me permet de vivre de ce que je fais, donc ca va c’est cool.
L.V.E.: Maintenant tu arrives à en vivre ?
Babs: Ouais ca fait 5 ans que je fais que ça.
L.V.E.: Merci beaucoup, et bravo pour ta peinture.