Charley Case est né en 1969 en Belgique.
Grand voyageur, son travail s’inspire en grande partie de ses expériences des pays pauvres, des populations délaissées ou tenues à la migration.
texte de Gregory Pirus sur l’intervention de Charley Case sur la Gâche:
« L’arbre à palabres »
Quand Charley Case s’empare du mur place Mazagran dit « La Gâche », c’est tout un quartier qui le regarde.
Peindre de nuit est un exercice qui demande une attention toute particulière, même s’il a les autorisations, même avec la bienveillance du responsable de projet, Marc-Antoine LEVAL de l’association « La voie de l’écrit », le quartier reste empreint d’une apparente sensibilité aux heures tardives.
Cependant, le voilà en dehors de toutes structures: le Mac et son exposition « wall drawings », les ateliers, les workshops et vitrines de toutes sortes.
« La liberté! », affirme-t-il.
Il commence par faire le noir, comme l’ont clos des paupières. « Paint it, black », c’est sa manière d’amener le mur à ce qu’il appelle « l’angoisse de la page noire, avant de laisser jaillir la lumière ». Il prend ensuite le temps d’écouter les voix qui s’élèvent tout autour de lui, et il s’évertuera à faire ce geste d’écoute tout du long de son intervention.
Après un moment, il attaque enfin par des gestes tranquilles et maîtrisés, comme un prétexte à la communication et à la réflexion.
Quelques esprits apparaissent sur le mur, de ces petites volutes blanches accumulées, se dessinent à la fois une mappemonde, un ossuaire, des ramifications, puis une clef laissée par un autre artiste: Krea.
Autant de symboles que de rencontres. Elliot TUPAC, qui passait par hasard, a laissé une griffe: « DIPLOMONDUS ». C’est un animal aux allures Mythologiques, tout droit sorti de l’imaginaire de Charley, un lien entre tous les continents. Un totem à cornes, constitué d’une multitude de petites affirmations spirituelles qui migrent, soit se reposent, dans, et sur les veines de l’ensemble.
Le motif est apparu comme s’il n’avait demandé qu’à être découvert, ce sont les ossements fragiles de la mémoire d’un moment passé.
Spectr, de passage aussi fait un tag que Charley transforme en petit diplodocus, répondant ainsi à la fois à son squelette et à l’intervention calligraphique d’Elliot Tupac, donnant ainsi une voie ouverte entre plusieurs périodes de l’art calligraphique.
Deux nuits ont été nécessaires pour obtenir ce rendu, c’est de ces deux nuits dont nous parle Charley, deux nuitées rythmées par des interactions en tous genres, des confrontations esthétiques, comme tout autant de singularités rhétoriques.
L’Afrique nous est représentée comme un tronc, d’où est issu tout le reste, c’est le tronc de « L’Arbre à Palabres », l’arbre des maux suspendus, celui en dessous duquel tous vont se réfugier pour régler les conflits, discuter, et progresser ensemble.